C'est le siècle du dessin.
Les symboles graphiques composent " une théologie muette " (Le Brun) et soutiennent la couleur par les règles du dessin (perspective, anatomie, composition et lois du clair-obscur).
De 1667 à 1699 renaît en France l'ancienne controverse italienne entre disegno et colore.
Les dessins de Rembrandt, de Poussin et du Lorrain sont rehaussés de bistre ou de sépia pour mieux suggérer la lumière.
Mais le procédé de la " taille rangée " (croisement de traits parallèles définissant les ombres), très souple au XVI e siècle, se systématise (De la manière de graver à l'eau-forte et au burin, Abraham Bosse).
Rembrandt, le plus grand maître de la taille-douce, sait exploiter à fond la complémentarité des trois procédés de base : manière noire, eau-forte et burin.
XVIIIe siècle
Le burin est abandonné et remplacé par la lithographie, inventée par Aloys Senefelder en 1798.
On préfère la nervosité du trait de plume (Guardi, Tiepolo, Canaletto) et la douceur du procédé des trois crayons : sanguine, craie blanche et pierre noire d'Italie (Watteau, Fragonard).
Nicolas-Jacques Conté invente, à la fin de ce siècle, le graphite artificiel.
Le XIXe siècle
La plume d'acier s'est substituée aux autres, mais Van Gogh continue à utiliser le roseau par admiration pour Rembrandt.
Seurat et Redon dessinent au fusain et au crayon Conté,
Ingres use de la mine de plomb, comme Corot et plus tard Degas.
Les romantiques, fascinés par le clair-obscur, font leurs délices du fusain, du crayon et de l'encre (Goya, Delacroix, Daumier, Millet) et pratiquent le dessin de mémoire.
L'aquatinte, dont l'estampe est semblable à un lavis d'encre de Chine, a été pratiquée par Goya.
L'invention de la photographie libère la gravure de sa fonction utilitaire et lui permet d'acquérir l'originalité (lithographies de Delacroix, de Gavarni).
La gravure sur bois est remise à l'honneur par Gustave Doré, Gauguin et Edvard Munch.
En cette fin de siècle, le dessin, éclectique chez Auguste Renoir, qui associe volontiers la manière d'Ingres et celle de Rubens, marqué par le japonisme et par Watteau chez Toulouse-Lautrec, a surtout un avenir social : le dessin humoristique, héritier de Daumier, est édité par de nombreuses revues : Le Rire (1894), dans laquelle Toulouse-Lautrec publia des lithographies, L'Assiette au beurre ou Le Figaro, avec des dessinateurs comme Forain, Steinlen, Caran d'Ache.
Le Suisse Rodolphe Töpffer invente la bande dessinée (Mr. Jabot, 1835).
Le XXe siècle
En affirmant que " la concision est une nécessité et une élégance ",Manet caractérise bien le dessin.
La transcription en gravure des dessins cubistes est dépassée par Jacques Villon et le dessin surréaliste est illustré par Max Ernst et Salvador Dalí (gravures pour les Chants de Maldoror de Lautréamont).
Malevitch, Klee, Kandinsky, peintres et pédagogues, couvrent des cahiers d'études graphiques.
Dunoyer de Segonzac, dessinateur et graveur de la nature, emporte dans une brouette ses plaques de cuivre couvertes de vernis, qu'il grave directement sur le motif.
Picasso a la passion du dessin, du trait et de la calligraphie : il répète à foison ses thèmes favoris : saltimbanques, minotaures, fauves, bacchanales, corridas et colombes.
Les arts graphiques se renouvellent entièrement : l'affiche est collectionnée, l'illustration de livres s'adjoint les plus grands noms (Matisse pour Pasiphaé de Montherlant, Chagall pour Les Âmes mortes de Gogol, Masson pour Les Conquérants de Malraux).
La bande dessinée, connaît en ce siècle un essor prodigieux.