LA PROPRIETE INTELECTUELLE
Que l'on soit
artiste professionnel ou vendeur occasionnel d'une de ses créations, il convient
avant tout de bien cerner ce que l'on cède en vendant un tableau. S'agit-il de
la toile, de l'image qu'elle porte, de son exploitation ?
Sous des dehors
parfois difficiles, l'arsenal juridique, en la matière, vise essentiellement à
détacher l'objet créé (tableau, sculpture ... ) de la démarche créatrice
elle-même. Et d'éviter les abus, préjudiciables à l'auteur comme à
l'acquéreur.
Propriété
intellectuelle, droits d'auteur
La propriété d'une
oeuvre d'art est distincte de celle de son exploitation.
Ainsi, un artiste
peut vendre un tableau tout en restant propriétaire des droits de reproduction
de son oeuvre (droits d'auteur) et vice versa. Il ne peut, par contre, aliéner
ses droits moraux sur l'oeuvre (voir cadre juridique du Code de la propriété
intellectuelle ci-dessous).
Les droits patrimoniaux résultant de la création
artistique sont cessibles. Il convient de préciser par écrit (contrat de
cession) l'étendue géographique, la durée, la destination et le moyen de
l'exploitation des droits cédés. Le Code de la propriété intellectuelle (article
131 et suivants) prévoit que l'auteur est en droit d'obtenir une rémunération
proportionnelle sur les recettes de l'exploitation ou à défaut une rémunération
forfaitaire.
Le montant de la rémunération des droits d'exploitation est fixé
en fonction des paramètres de l'exploitation de l'oeuvre (format, tirage, prix
de vente ... ).
Lors de la vente d'une oeuvre d'art, si le vendeur et
l'acquéreur ne savent pas si elle sera reproduite ou utilisée à d'autres fins
que celles pour lesquelles elle a été créée, il est conseillé de faire porter,
sur la facture, la mention : « Tous droits réservés pour toute exploitation ».
Cette mention
rappellera à l'acquéreur son obligation de revenir auprès de l'auteur s'il
souhaite reproduire l'oeuvre. Pour les artistes professionnels, il existe une
société de gestion des droits d'auteurs, à laquelle ils peuvent déléguer la
négociation de l'exploitation de leurs oeuvres et de manière plus générale la
défense du respect de leurs droits.
Il s'agit de
l'A.D.A.G.P. (11, rue Berryer, 75008 Paris -Tel : 01 43 59 09 79).
A la mort
de l'auteur, les droits patrimoniaux se transmettent aux héritiers (les ayants
droit) et il faudra attendre 70 ans pour que son oeuvre tombe dans le domaine
public.
Le cadre
juridique de la propriété intellectuelle
Les droits
moraux (article 121)
-
L’ auteur a un
droit de divulgation qui est le droit de communication de son oeuvre au
public.
-
L’auteur a un
droit de paternité, ce qui veut dire que son nom, sa signature sont
indissociables de l'oeuvre.
-
L’auteur a un
droit de respect de l'oeuvre dans son intégralité.
-
L'auteur, de son
vivant, a un droit de « repentir » de la cession des droits d'auteur,
c'est-à-dire qu'il peut revenir à tout moment sur un accord de cession qu'il
aura donné à un tiers. Dans ce cas, le texte prévoit une indemnisation pour le
préjudice de ce retrait.
Les droits
patrimoniaux (article 122)
-
L'auteur a seul
le droit de reproduire son oeuvre et d'en tirer profit. Un tiers ne peut
réaliser des reproductions totales ou partielles sans son
consentement.
-
L'auteur dispose
d'un droit de suite qui lui donne droit à percevoir 3 % du prix de vente de
son oeuvre lors d'opérations de revente aux
enchères.
Ce qu'il en
résulte
Comme nous l'avons
vu, une simple précaution durant la vente d'une oeuvre permet de limiter votre
négociation commerciale à la seule cession du produit de votre travail. Sans
accord exprès de votre part, elle est alors naturellement protégée du plagiat,
de la copie, de la reproduction et la diffusion sauvages.
Dans le cas
particulier d'une cession de droits de reproduction, nous ne pouvons que vous
encourager à consulter un juriste ou un organisme en mesure de fournir un barème
indicatif, pour évaluer l'importance financière de la
transaction.
Gardez toujours à
l'esprit :
-
que les droits
de reproduction peuvent être exclusif ou non suivant le contrat passé.
-
qu'une
rémunération proportionnelle au nombre d'exemplaires de la reproduction et à
leur format est toujours préférable.
Soyez vigilant, vous serez récompensé
de votre peine.
Hervé Rouvre, Directeur
Administratif et Financier de "Lefranc & Bourgeois"
Propos recueillis par
"Pratiques des Arts" N°33.
Pour en savoir plus www.celog.fr/cpi
Ce site vous donne une mine d'information sur la législation actuelle.