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"La lente et complexe invention de l'écriture n'a été ni la première ni la seule que l'homme a trouvée pour communiquer au moyen de signes tracés. Et bien avant l'apparition de cette forme d'expression, des images réalistes et des figures abstraites étaient déjà utilisées comme système de communication écrite. Ce mode de transmission est resté de tout temps un moyen privilégié d'échange."
JEAN, Georges
Langage de signes - l'écriture et son double,
Gallimard, 1989
HISTOIRE de l'ECRITURE |
• vers 35 000 av. J.C., au paléolithique supérieur, des os et des plaquettes de pierre portent des incisions rythmées qu'on soupçonne être une forme de langage.
• entre 25 000 et 15 000 av. J.C., l'art pariétal (sur
des parois rocheuses, dans des grottes) nous laisse de nombreux dessins (Lascaux
en Dordogne (France), Altamira en Espagne, etc.).
Georges Jean affirme que "Les
préhistoriens pensent aujourd'hui que les peintures rupestres forment une forme
d'écriture symbolique".
En fait, il semble qu'on peut regrouper les autres
signes que les représentations figuratives (scènes de chasse, animaux, etc.) en
deux catégories: les lignes, bâtonnets et traits de toutes sortes d'un côté, et
les signes fermés, comme les ovales, triangles et cercles, de l'autre.
Les
premiers, associés à une symbolique masculine (phallique), représenteraient les
principes masculins de l'univers.
Les seconds, rattachés à une symbolique
hystéroforme primaire, seraient l'évocation des principes féminins.
• vers 9 000 à 8 000 av. J.C., l'art des caverne laisse
sa place à des objets sculptés de plus en plus raffinés. Beaucoup de ces objets
portent des signes.
Certains préhistoriens voient là les premières tentatives
d'écriture. D'autres les interprètent comme étant des signes d'appartenance
pouvant indiquer la propriété ou la provenance. Seraient-ce les premiers
logotypes?
Quoiqu'il en soit, nous sommes alors pour la première fois en
face de signes répétés sur divers supports, ce qui veut dire qu'ils étaient
reconnus et identifiés par des personnes diverses selon des conventions.
Il ne
fait donc pas de doute que ces signes constituent une forme de langage
visuel.
• de 4 000 à 2 000 av. J.C., différents peuples
(Sumériens, Égyptiens) développent des systèmes d'écriture qui utilisent des
symboles visuels, des pictogrammes, des hiéroglyphes, pour communiquer.
Ces
écritures graphiques évolueront et deviendront de plus en plus symboliques et
abstraites pour finalement, avec les Phéniciens, les Grecs, puis les Latins,
donner naissance aux alphabets qui nous sont aujourd'hui familiers.
• vers 1 000 à 1 500 de notre ère, les Aztèques
utilisaient un système d'écriture composé de dessins qui se lisent dans un sens
bien défini par des lignes d'empreintes de pied (généralement de gauche à
droite).
Un tel système suppose que l'énonciateur et
l'énonciataire partagent le même code.
Ce système se retrouve chez
plusieurs autres nations autochtones d'Amérique (Sioux, Inuits, Cheyennes,
etc.).
A partir du Moyen-Âge, les vitraux des églises d'Europe
sont devenus de véritables bandes dessinées où les fidèles illettrés pouvaient
se familiariser avec la doctrine de l'église et la vie des saints.
À la même
époque, les religieux cloîtrés des abbayes de Cîteaux, Cluny et de la Trappe
renoncent à la parole et établissent des systèmes de communication par gestes.
C'est aussi vers cette période de l'histoire qu'on assiste au développement des
corporations (les ancêtres de nos syndicats ouvriers et de nos corporations
professionnelles).
Les différents corps de métier se regroupent et identifient
leurs oeuvres par des marques distinctes qui en garantissent la provenance et
l'authenticité.
Chaque corporation, pour se distinguer, se dote d'un sceau, sa
marque de commerce.
Ce sceau permet de distinguer les corporations entre elles,
mais aussi selon les régions. ex.
Les dentellières de la région du Gard, en
France, n'utilisent pas le même sceau que celles de Bruges ou Bruxelles dans les
Flandres (aujourd'hui la Belgique); les souffleurs de verre de Bohème vs ceux de
Murano en Espagne, etc.
C'est dans les derniers moments de l'empire romain (et
au Haut-Moyen-Âge) qu'apparaissent les premières enseignes dont le but est de
communiquer aux voyageurs des informations utiles (auberges, selleries,
cordonniers, etc.).
Ces enseignes se limitaient à illustrer le produit offert.
Ce système offrait l'avantage de pouvoir être compris quelque soit la langue du
voyageur, pour peu que l'objet en question lui soit familier. Au Moyen-Âge,
cette forme d'art permet déjà l'identification des commerces et des étals
d'artisans.
Plus on avance vers notre époque, plus cet art va se raffiner. C'est
aussi au Moyen-Âge que le développement de la marque va donner naissance à une
véritable science de la marque: l'héraldique, ou science du blason.